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Vietnam, les démons de la nuit (histoires vraies)

Les démons de la nuit

Nous étions une famille tout à fait standard dans ce Vietnam des années 40 soit 6 filles et 4 garçons. Quand la nuit tombait sur Saigon, la maisonnée n’était plus du tout cette ruche tourbillonnante et bruyante rythmée par un brouhaha incessant mais une masse lourde et compacte pleine de regards inquiets et de peurs furtives. Pour nous les enfants, ce moment était toujours un cap difficile à passer. Papa, maman, les domestiques, les animaux, tous dormaient paisiblement nous laissant seules dans un indescriptible désarroi.

Les garçons dormaient à côté dans une autre chambre et nous les filles ensembles dans la nôtre. Nous étions blotties sur un grand lit surmonté d’une moustiquaire géante qui semblait nous protéger contre toute agression extérieure. Mes sœurs n’aimaient pas la pénombre car le noir faisait remonter toutes les angoisses ancestrales d’une culture qui laissait nos esprits côtoyer sans cesse les esprits malins, les fantômes et autres ectoplasmes sympathiquement effrayants. Des récits de fantômes nous étaient contés, et nos parents et grands parents nous les présentaient comme des faits historiques indéniables. Des créatures peu rassurantes peuplaient notre imaginaire et nous fragilisaient tels des verres de cristal prêts à se briser en mille morceaux au moindre frôlement.

Guy Coda Site de l’artiste

J’étais d’une nature fort peureuse et particulièrement fragile surtout quand la nuit étendait son lourd manteau de frissons. Tel un troupeau de gnous apeurés, nous nous tenions serrées les unes contre les autres, le regard aux aguets et l’oreille en alerte car nous avions peur de voir surgir au beau milieu de la chambre une créature maléfique à l’odeur de sauce de poisson. Pas d’attribution définitive pour les meilleures places au lit celles du milieu, celles qui réconfortaient, celles qui protégeaient mais toujours une mêlée indescriptible dont j’étais inévitablement l’indéfectible perdante. Je récoltais toujours la plus mauvaise place, celle du bout, celle qui n’offrait pas de protection et qui vous laissait seule face aux fantômes indélicats et farceurs. Je dormais éveillée, un œil ouvert surveillant les alentours et l’autre épiant le premier craignant sûrement une vigilance amoindrie due à une trop grande fatigue.

Aujourd’hui encore malgré mes 80 ans loin du Vietnam et ma grande expérience de la vie, quand mon esprit vagabonde et que mes souvenirs reviennent me titiller, je sens comme un léger frisson à la fois de peur, de joie et de nostalgie.

Les souvenirs reviennent me titiller, je sens comme un léger frisson à la fois de peur, de joie et de nostalgie.

Une mamie vietnamienne

The demons of the night

 

We were a family quite standard in this Vietnam 40s or 6 girls and 4 boys. When night fell on Saigon, the household was not at all this swirling, noisy hive punctuated by incessant hubbub but a heavy weight and compact full of anxious glances and furtive fears. For us children, that time was still a difficult hurdle to pass. Dad, mom, domestic, animals, all were sleeping peacefully leaving us alone in indescribable confusion.

The boys slept next door in another room and sets girls in ours. We were huddled on a large bed topped with a giant screen that seemed to protect against external aggression. My sisters did not like the dark because the black traced all ancestral fears of a culture which left our spirits mingle endlessly evil spirits, ghosts and other scary sympathetically ectoplasm. Ghost stories were recounted us and our parents and grandparents as we had the undeniable historical facts. Not reassuring creatures roamed our imagination and we fragilisaient such crystal glasses ready to break into pieces at the slightest touch.

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I was in a very timid nature and particularly fragile especially when the night shivering stretched his heavy coat. Like a herd of wildebeest frightened, we stood tight against each other, eyes alert and ears on the alert because we were afraid to look around in the middle of the room an evil creature to the smell of sauce Fish. No final award for the best seats to bed those in the middle, those comforting, those who protected but still an indescribable melee which I was inevitably the unwavering loser. I always récoltais the worst site, that of the end, the one that offered no protection and leaving you alone to face the ghosts pranksters and dishonest. I slept awake, one eye open watching the surroundings and the other watching the first probably fearing a diminished vigilance due to excessive fatigue.

Even today despite my 80 years away from Vietnam and my big life experience, when my mind wanders and my memories come tickle me, I feel a slight shiver of both fear and joy and nostalgia.

The memories come tickle me, I feel a slight shiver of both fear and joy and nostalgia.

Vietnamese Grandma

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ritdelaban

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