A l’âge de 15 ans, Armand Frydman annonce à ses parents qu’il quitte l’école pour se consacrer à la musique.
Et plus précisément à des groupes de rock et de rythm and blues avec lesquels il tourne.
Puis il reprend des études musicales classiques, travaille pour de nombreuses musiques de films (Claude Chabrol et bien d’autres), enchaine des collaborations haut de gamme (« La Noce» de Bouvier Obadia, sélection festival de Cannes, prix Sacem de la musique, « L’Etourdi » de Jean Claude Baumerder, « La Peau » de Gilles Moisset, prix de la musique au festival de Rotterdam).
Il compose un disque classique remarqué (« Atlas », avec l’immense violoniste tchèque Joseph Suk, le flûtiste français Christian Lardé et l’orchestre du Bolchoï).
« J’ai toujours oscillé entre la musique classique et la chanson. Le classique, c’est vivre dans un rêve, hors du monde, hors du temps. La chanson, c’est être de plein pied dans mon époque, dans l’émotion, sans distance ».
Ses chansons ressemblent à un carnet de route, griffonné de souvenirs de rencontres, qu’elles soient amoureuses ou humaines. Elles se prélassent parfois sur des rythmes blues rock alanguis (« La beauté du diable »), lézardent dans des recoins sensuels (« J’ai vu de la lumière »), rougeoient grâce à la ferveur passionnée du tango (« Quand tu danses avec les flammes »), font des confidences, aidées par la chaleur boisée de l’acoustique (« Pars sans rien regretter »), ou flirtent avec le rock.
On y parle de choses fondamentales comme des étoiles, de l’amour, de la lumière, du feu, du ciel, du diable ou de la beauté. On se laisse embarquer dans ce tourbillon d’atmosphères éclectiques, au gré d’une enfilade de paysages chamarrés.
Il partage des souvenirs sonores, fruits de voyages à Bali où il a étudié le Gamelan, en Afrique de l’Ouest où il a pratiqué les polyrythmies et en provenance de ses nombreuses escales à Cuba où il a appris les percussions traditionnelles de la Santeria.
Ailleurs, un oud, un bandonéon, un violon, une flûte, un ukulélé, un doudouk arménien s’invitent au périple et donnent une couleur inédite à chaque morceau.
Vous l’aurez compris, ce premier disque est une invitation à un voyage musical.
Même si les récits d’Armand Frydman se déroulent souvent à l’extérieur, au delà des frontières, il explore la topographie de l’intime. Comme si voyager en soi était aussi enrichissant qu’autour de soi.
« Plus personne ne lit des poésies, mais tout le monde écoute des chansons. Pour moi, chanter c’est faire vivre l’émotion d’un texte. Un travail d’alchimiste jonglant avec la poésie, la mélodie, les arrangements et la véracité de la voix. »
Par un habile jeu de miroir, les chansons dressent un subtil parallèle entre les voyages et l’amour. Car tous deux sont remplis de secrets et de mystères. De sensualité et d’attirance. D’ailleurs, ici ou là, une voix féminine vient renforcer les mélodies, susurrer quelques notes soyeuses ou compléter le dialogue amoureux (« La vallée de tes yeux »).
Ces voyages se déroulent sur des tempos très différents. Parfois, des rythmes trépidants illustrent des périples menés tambours battants (« Cheval fou » et son violon tzigane, « Hey Long Kiang » et ses envolées de flûte).
Les mélodies, débarrassées de tout superflu, séduisent par leur sens de l’essentiel.
Elles possèdent une efficacité immédiate et tutoient quelque chose d’universel. Ici, on s’embarque sur les contours sereins de notes aériennes (« Jusqu’aux étoiles »). Là, le dépouillement d’un piano voix apaisé est propice aux confidences et souligne la force des textes (« L’écho ainsi danse »).
« A partir des années 8O, tout le monde s’est mis à enregistrer avec un métronome dans le casque. La musique y a perdu une part de son âme. Pour ce disque, nous voulions respirer, ralentir, accélérer, pour que la musique reste vivante, au plus près de son inspiration ».
Ajouter Un Commentaire