Vie culturelle

Grégoire de Gaulle, un photographe inspiré

Grégoire de Gaulle, un photographe inspiré

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Grégoire de Gaulle (à gauche) avec des personnalités du festival

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J’ai aperçu les œuvres photographiques de Grégoire de Gaulle lors d’une grande exposition organisée au Carrousel de Louvre, une exposition présentée par le Centre d’Echanges Culturels et Artistiques Franco- Chinois (CECAFC) et Cap Cultures. Mais pourquoi Grégoire de Gaulle parmi des peintres, des sculpteurs, des artistes chinois? La réponse est simple car la Chine est une véritable source d’inspiration pour ce photographe « globe- trotter ».

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Je l’ai revu lors d’une exposition dans le cadre d’un festival en Mongolie Chinoise à CHIFENG, un festival avec la participation de la ville de Cannes. Nous avons parlé, nous avons fait la fête et aussi ri et dansé….Mais qui est donc Grégoire cet artiste voyageur si proche de l’empire du milieu?

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Photographe et graphiste, Grégoire de Gaulle a eu la chance de pouvoir se balader librement en Chine durant l’été 1978. Il en ramené alors un reportage photo dont il publie une sélection consacrée aux loisirs d’une population qui sortait à peine des tourments de la Révolution culturelle. Des années plus tard, il a pu retourner dans ce grand pays et constaté combien le décor avait changé, mais aussi que, avec une apparente facilité, les Chinois s’étaient adaptés à ce nouveau siècle. Comme Mao l’avait appris à ses dépens, le peuple chinois sait faire le gros dos, attendre et voir, profiter de l’instant en attendant des lendemains qui, trop souvent dans le passé, ont déchanté. La nouvelle révolution du marché aurait-elle changé ces traits que l’on dit permanents ?

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En 2004 Patrice de Beer a écrit:

La Chine est-elle immuable ou en proie, devant nos yeux, à un changement historique ? Sans doute un peu des deux. Le carnet de voyage que nous offre Grégoire de Gaulle – avec une modestie qui fait qu’il a attendu 26 ans avant de nous le faire partager – peut paraître bien décalé par rapport aux images modernistes que rapportent les millions de touristes et d’hommes d’affaires qui ont visité Shanghai, Pékin ou Canton. Point de gratte-ciels, de limousines étincelantes, de ravissantes jeunes femmes à la dernière mode et d’ambitieux
« businessmen » partis à la conquête du monde ! Mais un petit peuple qui survit tant bien que mal les bouleversements que lui imposent le Ciel ou ses dirigeants. Un petit peuple qui, en cette année 1978, deux ans après la mort de Mao et la fin du désastre meurtrier de la Révolution culturelle, a déjà réappris à vivre, et à sourire.

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Ce peuple chinois s’amuse, voyage, mange, se fichant bien de ce grand jeune homme étranger de vingt-deux ans qui le mitraille avec son appareil photo. Ce n’est pas lui qui l’empêchera de grimper sur le bateau de marbre du Palais d’été, à Pékin, et de faire immortaliser cette excursion par un photographe ambulant. De jouer aux échecs chinois torse nu ou en marcel dans la touffeur des « hutong », les ruelles du vieux Pékin. Mais c’est peut-être lui qui a fait brailler d’effroi ce gamin qui n’avait peut-être jamais vu de « waiguoren », ces étrangers si rares à l’époque.

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Oui, les temps ont bien changé et la lenteur désinvolte de Chinois qui travaillaient pour le régime avec autant d’enthousiasme que celui-ci mettait de générosité à les rémunérer a cédé la place à l’économie de marché : finie l’unité de travail, le « danwei », cocon à la fois si répressif et si confortable. Il faut désormais lutter pour survivre, pour travailler, pour conserver ou obtenir un logement. A la dictature du Parti a succédé celle de l’argent et du marché. Les écarts de revenus se sont multipliés dans une société longtemps habituée à un égalitarisme de façade, les tensions sociales sont là pour ceux qui veulent bien les voir, en ville comme à la campagne.

Face à ce peuple sensible, patient, si avide de goûter les – encore trop rares – menus plaisirs qui sont les siens, Grégoire de Gaulle a lui aussi su se montrer sensible, patient. Sans cela, il ne nous aurait ramené qu’une collection de photos de voyage dont on sait qu’elles vieillissent aussi vite que le papier sur lesquelles elles sont tirées. Ressorties de leurs cartons, elles n’ont pas pris de rides, seulement un peu de bouteille. Car derrière l’uniforme Mao ou la robe passe-partout en calicot mal coupé, comme aujourd’hui en vêtements de bon faiseur, les Chinois resteront toujours des Chinois. Avec leur sourire indéfinissable qui est moins la manifestation de leur contentement intérieur qu’un miroir ou une protection contre le monde extérieur, l’émerveillement des enfants et la placidité des vieux qui en ont tant vu.

Photos Chine 1978/Grégoire de Gaulle

 

 

A Propos de l'auteur

Alexandra De Forcille

Alexandra De Forcille

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