Exposition
Qin Guodong : Le Contemplisme
Le Contemplisme
Qin Guodong est un artiste plasticien et un chercheur pluridisciplinaire reconnu par ses pairs en Chine. La sortie prochaine de son ouvrage sobrement intitulé Théorie artistique, prévue pour l’automne 2025, offre l’opportunité de s’intéresser au concept du « contemplisme », ainsi qu’il est désormais traduit en français, et d’évoquer certaines particularités de la culture artistique chinoise.
Qin Guodong naît en 1962 à Yongshun dans la province du Hunan, en Chine. Il étudie au Département de peinture à l’huile de l’École des beaux-arts de l’Université normale du Hunan puis au Département de peinture chinoise de l’Académie centrale des beaux-arts, à l’École doctorale de l’Académie nationale des arts de Chine. Son parcours d’excellence l’amène enfin à devenir chercheur invité à l’Académie nationale des arts de Chine. Artiste peintre travaillant et pensant
sa création au carrefour de la peinture traditionnelle chinoise, de l’aquarelle et de la calligraphie, de la peinture à l’huile et des techniques occidentales, il est aussi un universitaire spécialisé à la fois en histoire des arts et en philosophie de la création. Son travail, qu’il soit plastique ou intellectuel, est toujours exploratoire et chargé de la conscience des lourds enjeux de la modernité, de l’originalité et de la spiritualité en art. Fin connaisseur de l’Europe où il effectue de nombreux séjours d’études et d’enseignement, d’échanges artistiques et de retraite créative, il est attaché durablement à la ville médiévale de Moret-sur-Loing. Volontiers en retrait du brouhaha artistique parisien, sociétaire de la Maison des Artistes, des Amis de Sisley ou encore membre correspondant de l’Association française des arts plastiques. En somme, Qin Guodong est un parangon de l’esprit d’universalité aujourd’hui typiquement chinois, rappelant l’érudition totale des savants européens d’antan. Que ce soit par son action transdisciplinaire, entre pratique et théorie, entre analyse historique et réflexion philosophique, entre vie d’artiste et d’universitaire, d’homme enfin, parcourant deux continents avecune acuité d’observation hors-norme et une capacité à vivre pleinement en la société de ses pairs sans rien concéder de son indépendance de créateur, Qin Guodong fascine autant qu’il peut surprendre, et en tant qu’artiste peintre, de surprendre. Résumant sa déjà longue carrière, il est l’auteur de deux importantes monographies.
La première est sa Théorie artistique qui fera l’objet d’une publication en version française à l’automne 2025. La seconde, Théorie de la calligraphie et de la peinture, est prévue pour l’année suivante. Sa Théorie artistique est rédigée sur le mode de la réflexion continue propre aux ouvrages d’érudition
chinois, mêlant une démarche artistique authentique à des analyses théoriques, le tout encapsulé dans un continuum de pensées présentées sur le principe de la personnalisation du propos, ponctuées de sentences synthétiques touchant au-delà de la production intellectuelle, à une quête spirituelle. Sur le plan purement philosophique, le « contemplisme » qu’est y développé se fonde sur le grand mouvement du néo-matérialisme contemporain, pris dans son acception la plus englobante, multidimensionnelle et débouchant sur une polyvalence formelle totale. Ici tout, même la moindre particule d’existence créative, n’est que « matière », laisseau à identifier et à saisir dans le flux de l’existence créative. On le comprend d’emblée, ce texte qui est à la fois production philosophique, ambition littéraire, poétique et spirituelle, et prolongement direct de la peinture de l’auteur, est avant tout un objet meta, tout autant mise en pratique d’une pensée que réflexion sur elle-même. Sa finalité est, dans la veine des grands penseurs-artistes de l’histoire de l’Occident et de l’Orient, de tendre vers une application concrète de l’art pictural comme langage universel, transcendant les époques, les contrées et les civilisations. Pour cela, elle cherche à intégrer en soi toutes les composantes de notre réalité, à tous niveaux et à tous égards. Ainsi l’art de Qin Guodong, somme universaliste de l’infinité des éléments, matériels ou spirituels, qui nous entourent ou qui nous habitent, qui se sera emparé, prouve que les arts plastiques peuvent encore être porteurs d’une ambition globale, réconciliant réalisme et transcendance.
Thibaud Josset
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