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  • Mémé Béa s’est fait la belle par Michelle Ask

    Mémé Béa s’est fait la belle par Michelle Ask

    Profil de l’auteur Michelle Ask – 157 abonnés – page 1 – Short Édition

    Enfant, ma mère me lisait La chèvre de Monsieur Seguin et je pleurais à chaudes larmes. Un peu plus tard, passant devant la devanture d’un libraire, elle aima le titre d’un livre qu’elle croyait destiné aux enfants, les Trois contes, de Flaubert. Elle l’enveloppa dans un papier soie et me l’offrit pour mon anniversaire. J’avais 9 ans. Il ne m’en fallut pas plus pour aimer la littérature.

    A vous de voter pour cette « écrivaine en herbe »…

    Mémé Béa s’est fait la belle

    par l’auteur Michelle Ask, micro nouvelle disponible en ligne depuis 21 jours | Short Edition 

    Mémé Béa passait le plus clair de son temps devant la cheminée de sa cuisine, elle attisait sans relâche un feu malingre, été comme hiver, hachait menu les orties pour ses dindons, moulait le grain pour ses oies, gardait sous la plaque de la cheminée toute une couvée d’oisillons à peine éclos de l’œuf. Elle vivait dans une campagne comme il en existe encore, où le temps semble s’être arrêté. Le petit Alexis avait peur de cette arrière-grand-mère qu’il ne visitait qu’à l’occasion des vacances scolaires. Lui, ce qu’il attendait avec délectation, c’était de pouvoir patauger dans les flaques de boue qui trouaient la cour de la ferme. Il y en avait par tous les temps, la pluie n’avait rien à voir à cette affaire. Il troquait alors volontiers ses jeux vidéo contre les parties à se salir. Sa mère, de son côté se livrait à un rite de purification. Entrouvrant la porte de l’étable, elle fermait les yeux d’un air concentré, et quasi religieusement, humait la senteur de la paille et l’odeur âcre de la bouse des vaches comme l’assurance d’un air revivifiant. Alexis retenait l’envie de caresser les veaux, échaudé par le souvenir cuisant de sa petite main violemment balayée par la queue d’une vache protectrice.

    Tous ces petits rituels retardaient le moment solennel où il fallait pénétrer dans l’ombre épaisse et moite de la maison où trônait Mémé Béa tapie au coin du feu.
    Longue et noueuse, elle semblait enroulée sur elle-même au fond de son fauteuil. Les cheveux argentés étaient ramassés en un maigre chignon, les joues froissées contrastaient avec des yeux pétillants presque malicieux. Mais ce qui l’impressionnait le plus, c’étaient ses mains.
    Des mains osseuses, très larges, qui retenaient les siennes prisonnières, captives. Il se raidissait. Elle ne lâchait prise pendant qu’elle récitait pour lui toute une litanie de compliments. Il suspendait sa respiration.
    Un soir d’orage, Mémé Béa avait décidé de braver le déchaînement des éléments, et s’était mis en tête d’alimenter son feu languissant. En descendant le raidillon qui menait à la remise où s’entassaient les bûches, la vieille femme glissa sur un caillou.
    Dès qu’Alexis franchissait le seuil de la nouvelle maison où se poursuivirent les visites, une odeur âcre le saisissait à la gorge, et il se crispait.

    Une cohorte de vieux et de vieilles s’alignaient sur des banquettes en moleskine recouvertes de plastique. Et parmi eux, un visage familier tout à coup, Mémé Béa. Elle paraissait sereine, paisible, inoffensive, comme en état de grâce. Alexis lui trouvait un air singulier. A côté des autres vieux qui l’entouraient, elle était presque jolie.
    Il n’en avait pas pour autant omis de se munir de son pistolet de cow-boy, qu’il avait discrètement enfoui sous la ceinture de son pantalon. Non pas qu’il eut des intentions meurtrières. Mais Mémé Béa l’inquiétait toujours.
    Et puis Mémé Béa n’était plus seule dans sa nouvelle maison. Tous ses « collègues » ainsi qu’il les nommait, n’étaient guère rassurants. Certains grommelaient, tout seul, sans raison. D’autres gémissaient ou somnolaient, la tête pendante comme si elle allait se décrocher… Il vérifia que son pistolet était bien à sa place.
    Mémé Béa était peu loquace. Ses yeux brillaient soudain très fort comme si une idée extravagante lui avait traversé l’esprit. L’excitation passée, Alexis remarquait un voile de tristesse embuer les lunettes de la petite vieille.
    Au début du printemps, une infirmière interpella sa mère à leur arrivée. Sur le chemin du retour, alors qu’ils n’avaient pas visité l’aïeule et devant le silence buté de sa mère, une idée chemina dans la tête de l’enfant.
    Aussitôt le déjeuner terminé, il enfourcha sa bicyclette. Arrivé à la ferme, tout semblait inchangé. Il souleva le loquet de la porte, un léger grincement accompagna l’ouverture, un silence épais pesait sur la maison. Au fond de la pièce obscure, il perçut une faible lueur. Il s’approcha timidement. Quelques braises couvaient sous la cendre dans la cheminée. Alexis fut encouragé par ce signe de vie et s’avança.
    « Ah te voilà ! » murmura une voix familière. Mémé Béa était blottie comme à son habitude au coin de la cheminée. Elle semblait s’être assoupie, l’arrivée de l’enfant l’avait réveillée. Ses petits yeux, gênés par la lumière qui s’engouffrait dans le bâillement de la porte, clignotaient.
    Alexis ne manifesta pas de surprise. Il avait la certitude de trouver mémé Béa au coin du feu mais c’était la première fois qu’il se retrouvait seul face à elle. Et sans qu’il ne put se l’expliquer il n’avait plus peur. Elle lui souriait. Elle ne cherchait pas cette fois ci à le toucher, ni à prendre sa petite main dans les siennes. Elle le regardait d’un air doux et pensif.
    Alexis voulut parler, lui demander des détails sur sa fugue. Elle appliqua ses longs doigts sur ses lèvres et chuchota : « chuuuut ! il faut que personne ne sache que je suis ici ! c’est un secret entre toi et moi, toi seul est au courant tu comprends? »
    Il se sentit envahi d’une immense responsabilité, il redressa les épaules et eut l’impression d’avoir grandi tout à coup. Une grande fierté l’envahit. Il hocha la tête.
    Puis soudain, un frisson lui parcourut le dos. Il eut envie de partir, tout de suite. Et sans se retourner, il franchit la porte. Il fut saisi par la chaleur qui surplombait le vallon. Le soleil donnait en ce début d’après-midi d’avril. Sa mère devait s’inquiéter.
    Il traversa la cour, saisit sa bicyclette, et s’engagea dans l’allée. Il sentit alors que quelque chose le gênait à la ceinture. Il fouilla sous son pull, et trouva le pistolet blotti contre sa peau. Il le dégagea, et d’un geste de soulagement, l’envoya voltiger dans les buissons qui bordaient le sentier. Il décolla ses fesses de la selle, et donna des coups de pédale avec frénésie. Le vélo oscilla, tantôt à gauche, tantôt à droite. Puis très vite, Alexis gagna de la vitesse, et bientôt l’enfant ne fut plus qu’un point au bout du chemin.

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  • La carpe et le pêcheur, une histoire chinoise et philosophique.

    La carpe et le pêcheur, une histoire chinoise et philosophique.

    Asie histoire chinoise et poésies

    Prawny / Pixabay

    La carpe et le pécheur.

    Dans un étang vivait une carpe, en compagnie de brèmes, de gardons, de brochets et de perches. Une petite rivière alimentait cet étang et emmenait dans ses eaux, toujours plus de nouveaux de locataires ; pour un temps ceux ci y résidaient, puis ils repartaient, suivant leur bon plaisir. La carpe, elle, y demeura.

    Un honnête homme, amoureux de la nature, y venait pêcher. Notre homme connaissait bien son étang, des berges jusqu’au fond de l’eau, du plus petit des brins herbes, aux plus gros des insectes . Il connaissait tous les secrets de la faune et la flore qui y vivait. Aucun oiseau ne lui était étranger.

    Il fit l’acquisition d’une petite barque en bois. Ainsi il put admirer le charme de la brume du matin, ce rideau de fumée qui souvent attendait sa venue. Sa façon de faire était toujours la même, à tâtons de la berge, il poussait sa barque dans l’eau, montait dedans se rétablissait, s’asseyait , pour se baisser, et ensuite inéluctablement, il cherchait sa rame, du bout des doigts, la saisissait, puis doucement il se redressait, la plongeait dans l’eau presque sans bruit juste un petit clapotis, une fois à droite une fois à gauche et dirigeait sa barque ainsi à son gré, jusqu’à l’endroit choisi. Il attendait, que le brouillard se dissipasse, offrant le merveilleux spectacle de la vie. Enfin il commençait sa pêche.

    Il fut témoin du cycle des saisons, le printemps quand commençait le vol stationnaire des premières libellules, les chaudes après- midi d’été où se prélassaient sur la rive quelques lézards inquiets, la tristesse du saule qui pleure ses feuilles à l’automne, la morsure du froid de l’hiver quand il plongeait ses mains dans l’eau glacée.

    Mais l’objet de toutes ses préoccupations, c’était la carpe, cette coquine, qui n’avait encore jamais mordu l’hameçon. Elle ondulait, nageait calmement, s’approchait, de sa barque, passait ses lèvres hors de l’eau, faisait sa bulle mais toujours, repartait indifférente et royale.

    Il avait tout essayé, les appâts, les leurres et nombreuses sortes d’hameçons, mais rien n’y faisait.

    Le jour comme la nuit, la carpe le poursuivait de ses baisers mouillés. Dans ses rêves, dans ses pensées, dans sa vie, elle était toujours présente, mais invariablement insaisissable. Comment l’attraper, comment enfin l’attirer à lui, la saisir ? Il persévéra dans cette terrible obsession pendant des années avant d’y renoncer définitivement.

    Au fil du temps, s’était établie une sorte d’amitié entre le pêcheur et la carpe. Aussitôt sa barque était-elle mise à l’eau, que cette dernière passait et repassait pour s’évanouir soudain dans les profondeurs et réapparaître de nouveau comme par magie. Parfois elle frôlait la barque comme pour demander une caresse improbable.

    Les années passèrent le pêcheur était devenu vieux et malade, il restait chez lui au chaud, sa barque pourrissait à demi- immergée, le nez dans la vase. Un jour il se sentit mieux, il décida de se rendre à l’étang, s’habilla chaudement, prit quelques provisions, les mit dans sa besace, et partit sans canne à pêche ni même un filet.

    Arrivé au pied de sa barque, il s’assit sur l’un des rebords encore resté solide. D’un filet d’onde, la carpe s’approcha, difficilement il se baissa et s’accroupit, mit ses deux mains dans l’eau, les rapprocha comme un coussin, fit un creux et doucement la carpe y prit place, il la souleva presque entièrement, la regarda un instant et la replongea délicatement dans l’eau. La carpe resta immobile, il retira ses mains de l’eau et d’un coup de nageoire elle disparue .

    Notre honnête homme se releva rayonnant. Son vœu le plus cher s’était enfin réalisé.

    JPB .

  • Le vol du dentier en Chine( Histoire vraie).

    Le vol du dentier en Chine( Histoire vraie).

    Le vol du dentier ( Histoire vraie).

    Le vol du dentier

    Avec une bande de copains nous étions partis en Chine pour un séjour touristique en 2000. Très désireux de connaître le Pékin grouillant de vie , nous avions hélé de vrais pousse- pousses Avant toute virée dans cette ville aux « mille surprises » nous nous étions convenu d’un prix global raisonnable.

    Après une promenade des plus périlleuses nous atteignîmes le but de notre escapade : le marché des perles, la Mecque des achats touristiques. Les tireurs de pousse- pousses nous demandèrent le double de la somme convenue pendant la négociation. Le ton monta très vite, nous en français et eux en chinois. Evidemment personne ne se comprenait. En Chine quand l’on parle de chiffres il est facile de s’exprimer en anglais, mais au delà chacun emploie sa langue maternelle.

    Un chinois plus énervé que les autres, clapissait tel un pitbull en colère, crachant des postillons comme un volcan en irruption. Quand soudain son dentier comme une fusée s’arrachant de sa bouche vint atterrir sur le trottoir. A cet instant un silence lourd, au milieu du vacarme de la ville, se fit entendre. Tous nous nous regardâmes… Le propriétaire du dentier se précipita sur son bien et plus rapide que son ombre « l ‘enfourna » dans la bouche …La trêve terminée la négociation reprit de plus belle.

    ( Histoire vraie).

  • Retour au Vietnam, émotion mais pas de larme!

    Retour au Vietnam, émotion mais pas de larme!

    Retour au Vietnam, d’autres ont pleuré et pourquoi pas moi !

    _ Carnets de voyage en Asie: le Vietnam
    D’autres ont pleuré… et moi, et moi et pourquoi pas moi ?

    `Je connais bien la Thaïlande, la Malaisie, Le Sri Lanka, la Chine… j’ai toujours évité de visiter le Vietnam dont je suis originaire… vous avez dit bizarre ? Aujourd’hui je pars, je m’envole là-bas aux portes de ma vie et de mes rêves. Une décision brutale à la recherche d’un passé trouble résultat de souvenirs souvent auréolés de peurs, de joies et de chimères.
    Je pose enfin les pieds sur cette terre imprégnée de soleil. Aucune émotion, rien qu’un dépaysement sous un lourd manteau de chaleur où résonne le brouhaha annonciateur d’une ville en perpétuel mouvement. Des taxis racoleurs, des camelots insistants et cette vie intense nous rappellent que l’Europe se meurt d’ennui à plus de 12 000kms. Saïgon m’ouvre les bras comme une mère et m’accueille dans la fourmilière urbaine prête à happer les imprudents. Dans ce délire de vélos, de cyclomoteurs, je marche tranquille et je n’ai pas peur. Étrange impression de connaître et de découvrir sans jamais franchir la frontière du réel et du rêve. La sécurité routière ou la prévention routière dans cet enchevêtrement d’autos, de piétons, de poussière et de klaxons stridents seraient au bord de l’apoplexie. Une vraie vie m’attend ici depuis toujours.

    J’avais donné rendez-vous à une amie, en provenance de Bangkok et à un cousin qui arrivait de Paris, dans cet hôtel mythique le Majestic. Se retrouver ici, au Vietnam ensembles est vraiment un moment magique teinté de vives émotions. Accompagné d’effluves exotiques et de senteurs de gaz oïl je commence la visite de cette ville grouillante où la vie règne en maître absolu. Une partie de la famille de ma fiancée, 100% française, a vécu en Indochine. Aujourd’hui elle est ravie de participer à ce retour aux sources. J’ai tous les caractères physiques d’un vrai asiatique et pourtant elle ne m’a jamais vu comme tel. Elle m’avoua par la suite n’avoir aucune attirance à l’encontre des mâles aux yeux bridés…Qu’elles sont étranges les perceptions ; grâce à cette particularité de l’amour j’avoue avoir bien de la chance !
    Revenons à nos canards laqués…oh pardon à nos moutons. Continuons notre petite ballade. Eh oui j’y suis, incroyable je suis là au milieu de Saigon la ville de mes parents, grands parents, oncles, tantes…La cathédrale se dresse devant moi comme une caverne d’Ali Baba. Dans des moments rares, mes parents, devenus en France de petits fonctionnaires, me parlaient avec un brin de fierté dans la voix, de cette famille dont j’étais devenu un obscur descendant. Une famille aux pouvoirs importants, à la fortune immense qui possédait en outre près de 30 000 ha de rizières…Comment en étions-nous arrivés là ? Je sentais en eux une gêne d’être ce qu’ils sont devenus aujourd’hui, des gens simples et transparents. Ils s’excusaient de n’être plus. Tout ce passé glorieux fait de luxe, d’apparat, je n’y croyais que par besoin , j’avais aussi attrapé les symptômes de cette maladie honteuse que l’on appelle …. Les moyens de mes aïeux étaient illimités et ils n’hésitaient pas à offrir des cadeaux somptueux au culte…c’est ce qui se disait ! Tout cela n’était peut-être qu’affabulations et chimères ! Ma fiancée brusquement me prend le bras et me montre un magnifique vitrail sur lequel est inscrit mon Nom. Stupéfaction, tout est donc vrai, pas de blabla rien que du bonheur d’exister. On me confirme par la suite que le gros bourdon avait été offert par mon grand père. Je n’avais jamais vraiment senti l’ampleur de mon désarroi aujourd’hui encore.


    Des odeurs connues mélangées à d’étranges sensations de parfum enivrant m’emportent dans un univers rassurant en terrain conquis. Je vis comme un « riche » allant de restaurants branchés en repaires à « bobos » sans jamais compter, la note la plus élevée n’atteignant jamais la somme record de 5 euros. Je suis un nabab. Mais ce qui attise mes sens, les excite au plus haut point est sans conteste le sirop de la rue en perpétuel mouvement habillé de soie blanche, de chapeaux coniques, de sourires enfantins, de cris perçants et de vrombissements omniprésents. L’enfer du bruit ouvre ses bras, mais un enfer tellement désiré, si souvent souhaité ! La ville de Saigon représente bien une cité du sud elle est grouillante et pleine de surprises. Mais je trouve qu’elle manque d’une unité architecturale ce qui me déçoit quelque peu.
    Prendre le train de nuit, même en couchette molle reste une aventure à vivre avec délectation. Nga Trang et ses plages dorées m’accueillent avec douceur et émerveillement. Cette carte postale me raconte les plus belles heures coloniales pleines de femmes sublimes aux jambes interminables et au fume-cigarette omniprésent.
    Prochaine destination Hué, la capitale Impériale blottie dans les méandres de la rivière des Parfums
    Pour cette fois je pars avec un guide et ami vietnamien …Nous louons un mini bus climatisé et hop direction le centre du Vietnam. Des côtes et encore des côtes, la mer et ses flots amicaux nous accompagnent pendant tout le voyage.La mer est, à l’est de ce merveilleux pays une frontière de près de 1500 kms. Hué me laisse un souvenir ému et impérissable plein d’une sérénité figée par le temps. Il faut prendre le temps de flâner dans ses marchés tranquilles, de visiter la cité impériale ou même de se laisser doucement glisser dans une petite jonque, sur la « rivière des parfums » à la recherche des innombrables temples.
    Jamais rassasié par les multiples découvertes, je décide de monter encore plus haut vers le nord, vers Hanoi la capitale. Cette fois si en car avec les locaux heureux de pouvoir jauger un touriste sur sa capacité à supporter un long voyage dans un véhicule sans grand confort. Rires goguenards et plaisanteries incompréhensibles égrènent notre nuit agitée.
    Arrivée à 6 h du matin la tête dans le…et l’estomac dans les talons. Une soupe tonkinoise (pho) sur le bord du trottoir et immédiatement le charme incontestable d’Hanoi s’empare de moi. Vieille ville coloniale restée vierge de toute construction intempestive elle garde ce cachet et ce caractère si particulier qui raconte une vraie histoire. Mon esprit vagabonde et se prend au jeu du retour vers le passé si empreint de douceur et de charme. Chaque quartier est l’image d’une corporation où se côtoient de différents métiers qui nous apparaissent, nous européens si aseptisés, presque désuets mais si attachants. Des petits bars à la chaleur moite malgré de vieux ventilos souffreteux, des échoppes bondées de marchandises en déséquilibre, des restaurants apocalyptiques aux énormes marmites bouillonnantes… c’est Hanoï qui nous nous reçoit sans apparat. Tout dans cette ville déborde de vie et d’envie.

    En route pour la baie d’Along et son cortége interminable et affolant de touristes ventripotents. Rien à dire sinon un peu de déception et des sentiments mitigés . Je poursuis mon chemin vers hoï han petit port au charme indéniable et à l’architecture colorée. L’or, le noir et le rouge ont fait de cette ville un passage obligé pour tous les amoureux de l’authenticité du vietnam.
    Il va falloir revenir à Saïgon et puis tristement vers paris la ville des lumières . J’ai l’impression étrange que l’Europe est, après ce déluge de vivacité, devenu un « no man’s land » aux couleurs de l’ennui.
    Je pensais que les larmes seraient au rendez-vous, que l’émotion comme une flèche délicieuse me transpercerait le cœur jusqu’atteindre les plus profondes de mes fibres, et bien rien ! J’ai, depuis ces jours de plénitude touristique, souvent repensé à ce sentiment si étrange et des questions sans réponses ont fait place à l’imcompréhension. Suis devenu insensible à ce magnifique pays ou simplement n’ai pas réalisé le sens de ce voyage . Il me faudra retourner là bas et dès aujourd’hui je m’y prépare.
    _ Henri Victor

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  • Article sans titre 68053

    Récits du moine AN-Ching par Ying Dussaut (Ed Thélès)

    Récits du moine AN-Ching par Ying Dussaut (Ed Thélès)

    Roman de l’époque Pré-révolutionnaire de la Chine de 1890

    An-Ching est né à Doubei, la province chinoise la plus septentrionale, au moment où la Chine perd la guerre de l’opium et signe les traités qui ouvrent les ports de commerce aux étrangers. Lorsqu’il a un mois, son père An-Ling est assassiné dans un monastère par des bandits. Sa mère très malade demande alors au prêtre Lao-Shan d’adopter son enfant.

    Ainsi, dès l’adolescence et aux côtés de ce père adoptif engagé, An-Ching participera aux actions des sociétés secrètes et des étudiants révolutionnaires en vue de faire éclater la troisième révolution.

    La saga relatée par le moine An-Ching est une histoire vraie. C’est un long périple au travers de la chine, de la méridionale Kan-Chiou à la Mongolie, après avoir traversé le Tibet pour suivre aussi la route de la soie jusqu‘en Inde.

    An-Ching parcourt le pays de village en village pour apprendre aux enfants à lire et à écrire. Il reste parfois plusieurs mois chez l’habitant participant aux travaux des villageois. Il observe la nature, les mœurs, les légendes et les superstitions des hommes… et encore, l’activité des villes, leurs sociétés et leurs révolutions.

  • Proverbe chinois, humour et philosophie d’Asie

    Proverbe chinois, humour et philosophie d’Asie

    Proverbes chinois

     Dans un étang, il n’y a pas de place pour deux dragons.

     Sourire, c’est rajeunir de dix ans ,s’attrister, c’est se faire des cheveux blancs.

     L’itinéraire de 1000 mille commence par un pas.

     Chaque coup de colère est un coup de vieux,chaque sourire est un coup de jeune. (Proverbe chinois)

     Avec le temps et la patience, la feuille du mûrier devient de la soie

     Le sage se demande à lui-même la cause des ses fautes, l’insensé la demande aux autres.

     Un bon chien ne mord pas les poules, un bon mari ne bat pas sa femme.

     Le jour éloigné existe, celui qui ne viendra pas n’existe pas.

     Les gens heureux n’ont pas besoin de se presser.

     Le plus grand conquérant est celui qui sait vaincre sans bataille. (Proverbe chinois)


    Chinese Proverbs

    In a pond there is no room for two dragons.

    To smile is to rejuvenate by ten years, to be sad, is to make oneself white hair.

    The 1000 mile route begins with a step.

    Every stroke of anger is a blow of old, each smile is a youthful blow. (Chinese proverb)

    With time and patience, the leaf of the mulberry tree becomes silk

    The wise man asks himself the cause of the faults, the fool asks the others.

    A good dog does not bite the chickens, a good husband does not beat his wife.

    The distant day exists, the one that will not come does not exist.

    Happy people do not need to hurry.

    The greatest conqueror is the one who knows how to win without a battle. (Chinese proverb)

  • Asie humour et humour d’Asie en photos

    Asie humour et humour d’Asie en photos

    Asie humour et humour d’Asie en photos : Staff asietralala.com vous souhaite une bonne année du

    ASIE HUMOUR ET HUMOUR D’ASIE/ STAFF D’OPENMAG EN PHOTOS


    C’est le big chief,c’est un bleu, il est rarement là, il fume le cigare, il roule en grosse limousine, il ne sert à rien mais les autres l’appellent Patron !



    Sous des airs de gros poupon, la responsable des ressources humaines est intraitable et elle n’a qu’une devise : « faut mériter son biberon ».



    Le rédacteur en chef est fourbe et hypocrite : » bossez bande de coolies, le travail est pour vous et la gloire pour moi ! ».



    L’infographiste est « ASIEmuté »( azimuté), non seulement il a une gueule de kamikaze, mais je crois que le soir quand il rentre chez lui, il joue trop à la PSP.



    Le comptable m’a l’air bien prospère avec tout cet or sur lui. Faut peut- être vérifier si ce brave homme est si brave que ça !



    Elle, c’est notre responsable de la communication, la est la pin-up de service. Elle communique avec ce magnifique regard qui trouble tant les futurs clients, pas nombreux au portillon. D’ailleurs elle recherche désespèrément un fiancé aux yeux bridés et qui grâce à sa culture fort différente, pourra la voir comme une belle fleur exotique.



    Notre correspondant au Vietnam a su se faire apprécier surtout grâce à sa jovialité et non à la qualité de ses articles fort rares !



    Li- Chien notre renifleur de bons plans, il ne nous rapporte que des plans à raz des trottoirs et pas toujours du meilleur goût.



    Le responsable de la culture est extrêmement cultivé, il lui pousse d’ailleurs du riz dans les oreilles. Nous craignons qu’il ne nous quitte pour créer sa propre rizière….



    Notre dragon, chef de la sécurité… pas vraiment sympa et aussi pas vraiment efficace.



    Deux rédacteurs fraîchement virés, ils sont verts de rage !

  • Asie histoires et poésies

    Asie histoires et poésies

    Asie histoires et poésies

    La carpe et le pécheur.

    Dans un étang vivait une carpe, en compagnie de brèmes, de gardons, de brochets et de perches. Une petite rivière alimentait cet étang et emmenait dans ses eaux, toujours plus de nouveaux de locataires ; pour un temps ceux ci y résidaient, puis ils repartaient, suivant leur bon plaisir. La carpe, elle, y demeura.

    Un honnête homme, amoureux de la nature, y venait pêcher. Notre homme connaissait bien son étang, des berges jusqu’au fond de l’eau, du plus petit des brins herbes, aux plus gros des insectes . Il connaissait tous les secrets de la faune et la flore qui y vivait. Aucun oiseau ne lui était étranger.

    Il fit l’acquisition d’une petite barque en bois. Ainsi il put admirer le charme de la brume du matin, ce rideau de fumée qui souvent attendait sa venue. Sa façon de faire était toujours la même, à tâtons de la berge, il poussait sa barque dans l’eau, montait dedans se rétablissait, s’asseyait , pour se baisser, et ensuite inéluctablement, il cherchait sa rame, du bout des doigts, la saisissait, puis doucement il se redressait, la plongeait dans l’eau presque sans bruit juste un petit clapotis, une fois à droite une fois à gauche et dirigeait sa barque ainsi à son gré, jusqu’à l’endroit choisi. Il attendait, que le brouillard se dissipasse, offrant le merveilleux spectacle de la vie. Enfin il commençait sa pêche.

    Il fut témoin du cycle des saisons, le printemps quand commençait le vol stationnaire des premières libellules, les chaudes après- midi d’été où se prélassaient sur la rive quelques lézards inquiets, la tristesse du saule qui pleure ses feuilles à l’automne, la morsure du froid de l’hiver quand il plongeait ses mains dans l’eau glacée.

    Mais l’objet de toutes ses préoccupations, c’était la carpe, cette coquine, qui n’avait encore jamais mordu l’hameçon. Elle ondulait, nageait calmement, s’approchait, de sa barque, passait ses lèvres hors de l’eau, faisait sa bulle mais toujours, repartait indifférente et royale.

    Il avait tout essayé, les appâts, les leurres et nombreuses sortes d’hameçons, mais rien n’y faisait.

    Le jour comme la nuit, la carpe le poursuivait de ses baisers mouillés. Dans ses rêves, dans ses pensées, dans sa vie, elle était toujours présente, mais invariablement insaisissable. Comment l’attraper, comment enfin l’attirer à lui, la saisir ? Il persévéra dans cette terrible obsession pendant des années avant d’y renoncer définitivement.

    Au fil du temps, s’était établie une sorte d’amitié entre le pêcheur et la carpe. Aussitôt sa barque était-elle mise à l’eau, que cette dernière passait et repassait pour s’évanouir soudain dans les profondeurs et réapparaître de nouveau comme par magie. Parfois elle frôlait la barque comme pour demander une caresse improbable.

    Les années passèrent le pêcheur était devenu vieux et malade, il restait chez lui au chaud, sa barque pourrissait à demi- immergée, le nez dans la vase. Un jour il se sentit mieux, il décida de se rendre à l’étang, s’habilla chaudement, prit quelques provisions, les mit dans sa besace, et partit sans canne à pêche ni même un filet.

    Arrivé au pied de sa barque, il s’assit sur l’un des rebords encore resté solide. D’un filet d’onde, la carpe s’approcha, difficilement il se baissa et s’accroupit, mit ses deux mains dans l’eau, les rapprocha comme un coussin, fit un creux et doucement la carpe y prit place, il la souleva presque entièrement, la regarda un instant et la replongea délicatement dans l’eau. La carpe resta immobile, il retira ses mains de l’eau et d’un coup de nageoire elle disparue .

    Notre honnête homme se releva rayonnant. Son vœu le plus cher s’était enfin réalisé.

    JPB .

  • Asie histoires et poésies

    Asie histoires et poésies

    Asie histoires et poésies

    La carpe et le pécheur.

    Dans un étang vivait une carpe, en compagnie de brèmes, de gardons, de brochets et de perches. Une petite rivière alimentait cet étang et emmenait dans ses eaux, toujours plus de nouveaux de locataires ; pour un temps ceux ci y résidaient, puis ils repartaient, suivant leur bon plaisir. La carpe, elle, y demeura.

    Un honnête homme, amoureux de la nature, y venait pêcher. Notre homme connaissait bien son étang, des berges jusqu’au fond de l’eau, du plus petit des brins herbes, aux plus gros des insectes . Il connaissait tous les secrets de la faune et la flore qui y vivait. Aucun oiseau ne lui était étranger.

    Il fit l’acquisition d’une petite barque en bois. Ainsi il put admirer le charme de la brume du matin, ce rideau de fumée qui souvent attendait sa venue. Sa façon de faire était toujours la même, à tâtons de la berge, il poussait sa barque dans l’eau, montait dedans se rétablissait, s’asseyait , pour se baisser, et ensuite inéluctablement, il cherchait sa rame, du bout des doigts, la saisissait, puis doucement il se redressait, la plongeait dans l’eau presque sans bruit juste un petit clapotis, une fois à droite une fois à gauche et dirigeait sa barque ainsi à son gré, jusqu’à l’endroit choisi. Il attendait, que le brouillard se dissipasse, offrant le merveilleux spectacle de la vie. Enfin il commençait sa pêche.

    Il fut témoin du cycle des saisons, le printemps quand commençait le vol stationnaire des premières libellules, les chaudes après- midi d’été où se prélassaient sur la rive quelques lézards inquiets, la tristesse du saule qui pleure ses feuilles à l’automne, la morsure du froid de l’hiver quand il plongeait ses mains dans l’eau glacée.

    Mais l’objet de toutes ses préoccupations, c’était la carpe, cette coquine, qui n’avait encore jamais mordu l’hameçon. Elle ondulait, nageait calmement, s’approchait, de sa barque, passait ses lèvres hors de l’eau, faisait sa bulle mais toujours, repartait indifférente et royale.

    Il avait tout essayé, les appâts, les leurres et nombreuses sortes d’hameçons, mais rien n’y faisait.

    Le jour comme la nuit, la carpe le poursuivait de ses baisers mouillés. Dans ses rêves, dans ses pensées, dans sa vie, elle était toujours présente, mais invariablement insaisissable. Comment l’attraper, comment enfin l’attirer à lui, la saisir ? Il persévéra dans cette terrible obsession pendant des années avant d’y renoncer définitivement.

    Au fil du temps, s’était établie une sorte d’amitié entre le pêcheur et la carpe. Aussitôt sa barque était-elle mise à l’eau, que cette dernière passait et repassait pour s’évanouir soudain dans les profondeurs et réapparaître de nouveau comme par magie. Parfois elle frôlait la barque comme pour demander une caresse improbable.

    Les années passèrent le pêcheur était devenu vieux et malade, il restait chez lui au chaud, sa barque pourrissait à demi- immergée, le nez dans la vase. Un jour il se sentit mieux, il décida de se rendre à l’étang, s’habilla chaudement, prit quelques provisions, les mit dans sa besace, et partit sans canne à pêche ni même un filet.

    Arrivé au pied de sa barque, il s’assit sur l’un des rebords encore resté solide. D’un filet d’onde, la carpe s’approcha, difficilement il se baissa et s’accroupit, mit ses deux mains dans l’eau, les rapprocha comme un coussin, fit un creux et doucement la carpe y prit place, il la souleva presque entièrement, la regarda un instant et la replongea délicatement dans l’eau. La carpe resta immobile, il retira ses mains de l’eau et d’un coup de nageoire elle disparue .

    Notre honnête homme se releva rayonnant. Son vœu le plus cher s’était enfin réalisé.

    JPB .

  • Histoire vraie, le mystère de la langue perdue.

    Histoire vraie, le mystère de la langue perdue.

    Le mystère de la langue perdue.porteurs asiatiques

    Cette histoire est une histoire vraie, une histoire vraie que j’ai très longtemps occultée.

    Aussi loin que je me souvienne, le français, la langue française, a toujours été pour moi un moyen simple que j’utilise sans difficulté particulière, qui reste docile comme une amie. D’autres vocifèrent, pestent contre cette langue si compliquée à dompter qui reste sauvage pour la plupart de nous.

    En classe,mon imagination vagabondait d’histoires étranges en récits romanesques. Rien dans ma scolarité ne me prédisposait particulièrement à cette facilité. Dans mes rédactions colorées et pleines de d’aventures, je couchais sur le papier mes rêves les plus fous, mes espoirs les plus extravagants. Ces histoires faisaient le tour des classes car mon style, si saugrenu fut-il, plaisait aux élèves mais, étrangement, aussi aux professeurs. Avais-je mérité ces éloges unanimes ? Ces rédactions passaient de classe en classe faisant l’admiration de mes congénères !

    Il faut pourtant avouer qu’en mathématiques, je frôlais souvent le zéro pointé, qu’en histoire et géographie, mes notes inlassablement restaient en dessous de la moyenne et qu’en langue étrangère mon accent était l’objet de nombreuses plaisanteries.

    Mais en revanche en « rédac »…j’atteignais les sommets ! Des 19/20, des félicitations, en veux tu en voilà…Où avais je donc appris les syntaxes, l’orthographe, la conjugaison où simplement le style ? Je suis arrivé tout droit du Vietnam et je ne parlais strictement que ma langue maternelle. Tout cela était-il dû à une potion magique ou au travail acharné de votre serviteur ? Euh, travail acharné serait un doux mensonge.

    Mon père désirait ardemment l’intégration de tous ses enfants dans la société française, mais malheureusement, la barrière de la langue restait un obstacle presque insurmontable.

    A l’âge de 4 ans ils me laissèrent chez une nourrice française et quand ils revinrent un mois seulement plus tard, mon frère et moi, avions totalement oublié le vietnamien, nous ne nous exprimions plus qu’en français. Notre langue maternelle était ensevelie dans une trappe sans fond. Je reconnais les mots et certaines phrases, je baigne dans les accents toniques mais je ne parle pas, je reste muet aux questions comme muselé.

    Les années sont passées et je souhaite réapprendre le vietnamien, mais il me semble qu’aujourd’hui, je n’ai aucune prédisposition particulière pour cette langue « étrangère » !

    Cette histoire vraie démontre une fois de plus que l’on est simplement où l’on vit!!!

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