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  • Retour au Vietnam : une si longue absence !

    Retour au Vietnam : une si longue absence !

    Carnets de voyage en Asie, Vietnam

    Une si longue absence.

    J’ai quitté le Vietnam comme boat- people

    Je m’appelle Manh et je viens de bien loin et je retourne au Vietnam. Vos yeux ne peuvent ni voir, ni entrevoir les paysages, les bonheurs et les angoisses enfouis dans le plus profond de mon être.

    Par une nuit sans lune, la peur au ventre, maman et papa nous abandonnèrent avec plus de soixante personnes à la recherche d’un avenir rempli de plus d’espoir. Je ne le savais pas encore, mais 12 ans allaient nous séparer ce soir là.Deux coques de noix aux moteurs poussifs nous éloignèrent de la côte et bientôt nous ne vîmes que l’ombre blafarde de notre pauvre pays que la guerre avait si profondément transformé. Deux sœurs et un frère, une famille éparpillée, loin des parents , sans famille, juste des rescapés sur cette mer d’huile . Nous étions devenus des « Boat people » au regard hagard, ballottés par un mal de mer omniprésent, attendant une aide incertaine. Au milieu de nulle part, nous scrutâmes l’horizon pendant 4 jours et 3 nuits.

    Rencontrer la marine vietnamienne et le carnage aurait été au rendez- vous, croiser un pavillon étranger et la délivrance nous aurait tendu les bras.

    Heureusement j’avais le pied marin ! Je me rappellerai toujours de cette année 1981 où j’ai quitté mon pays sans savoir si un jour,mes pieds pourraient à nouveau, fouler le sol de mes ancêtres. Le moteur de l’autre bateau rendit l’âme sans complexe, immobilisant plus de 30 personnes. Un remorquage périlleux nous permit de continuer ensemble ce si douloureux voyage.

    Soudain, nous vîmes un bateau à l’horizon et nos cœurs se figèrent empreints d’espoir, de fatalisme et d’angoisse. Étaient- ils des amis ou des ennemis, de l’espoir ou de l’horreur, un renouveau ou une fin tragique ? Une accablante et troublante incertitude s’empara de nous, enserrant notre ventre comme une tenaille mortelle, nous ne respirions plus. L’embarcation s’approcha, le temps était suspendu et soudain l’un de nous éructa un cri de joie libérateur, nous comprîmes aussitôt que l’avenir nous tendait à nouveau les bras. Nous n’en crûmes pas nos pauvres yeux fatigués, lassés mais heureux, le pavillon Français, le drapeau de tous les espoirs flottait là, fier et libérateur.

    Deux mois d’attente dans un camp chinois de Hong-Kong, deux mois de brimades, deux mois où tous nos espoirs se tarissaient dans un méandre de questions sans réponse. J’avais la certitude que les chinois n’appréciaient pas les vietnamiens et qu’à la moindre occasion, ils les brimaient malgré qu’ils fussent leurs « gérants officiels », frontière entre le passé et l’avenir. Je me souviens qu’un jour adossé à une vieille voiture abîmée par le temps, j’attendais, comme tous les jours, l’appel quotidien de tous les « boat people », en rêvassant, quand soudain l’un des gardiens chinois vociféra des menaces m’accusant, moi un enfant de 1O ans d’avoir cabossé la carcasse en m’appuyant dessus. Je dus me défendre de ces accusations injustes et déloyales.

    La sentence tomba, j’étais affecté, pour cet acte odieux, délibéré et plein de haine contenue, à la corvée déhonorante du nettoyage des wc.

    Selon les conventions internationales de l’époque, la France, nous ayant recueilli à bord de l’un de ses bateaux, avait le devoir de nous donner asile dans leur pays. Je rêvais d’Amérique et je me retrouvais soudain plongé dans le centre de la France, à Châteauroux dans un autre camp de réfugiés. J’y suis resté plus de 13ans, 13ans à attendre, étudier et espérer un avenir meilleur. Puis je suis monté à Paris.

    Le retour au Vietnam

    Aujourd’hui, je viens d’obtenir ma nationalité française et une page de mon histoire se tourne. J’ai très envie de revoir le Vietnam pour retrouver un peu de ce passé qui reste collé à ma mémoire. J’avais quelques appréhensions, repartir pour découvrir un pays changé, si éloigné de mes souvenirs, cela me rendait hésitant et fort mal à l’aise. J’avais juste peur de ne plus aimer le Vietnam, car j’étais devenu une « entité hybride » partagée entre ici et là- bas. Ma décision était prise, il me fallait revoir malgré tout, ce pays qui me manquait tous les jours un peu plus. Dans l’avion qui me menait, ma sœur et moi, vers cet « inconnu si familier », s’entremêlaient, s’entrechoquaient sans cesse des images, des souvenirs, des rires et des pleurs . L’avion enfin dans un crissement de pneus s’immobilisa sur la piste.

    Fébriles nous descendîmes et pénétrâmes dans le grand hall de l’aéroport international. Je fus soudain pris de panique quand je vis l’uniforme du fonctionnaire des douanes, mon corps tout entier frémit, mes jambes se dérobèrent sous moi et mes mains tremblèrent. Ma sœur, s’apercevant immédiatement de mon émoi incontrôlable, me glissa à l’oreille qu’il était plus prudent de ne pas se faire remarquer et d’éviter ainsi, toute difficulté. Je dus m’exécuter comprenant fort bien le bien fondé de ses appréhensions. La rue m’accueillit brutalement dans une farandole de couleurs joyeuses, d’odeurs exotiques, de klaxons stridents, d’images rayonnantes et surtout d’émotion. J’étais revenu chez moi, j’étais rentré à la maison après 25 ans d’absence et d’attente. Je compris immédiatement que les liens étaient restés intacts, forts et qu’ils avaient résistais aux attaques du temps. Rien n’avait vraiment changé, Saïgon égale à elle-même, demeurait cette ville bruyante, sale, speed, irrespirable mais si vivante.

    La cathédrale se tenait là imperturbable mais envahie par des centaines de touristes harassés de chaleur, la poste, incroyable vestige colonial, ressemblait plus à un musée qu’au local des PTT. Mon cousin, l’un de mes innombrables cousins, nous guida à travers la ville pendant ces quelques journées d’euphorie et de redécouverte où le connu côtoyait sans cesse l’étonnement. Il nous dénicha les meilleurs restaurants. Je retrouvais les senteurs si particulières des plats typiques enfouis au fond de moi. Quand avec le temps notre culture s’estompe, il nous reste encore et toujours le goût de la nourriture, et tous les déracinés vous le diront sans détours. J’hésitais parfois à déguster du chien, du serpent ou du rat car mon éducation française, aseptisée, m’en empêchait. J’avais peur de tomber malade. Peut-être qu’avec le temps… ! Un petit tour au musée de l’ancien palais présidentiel, resté dans son jus depuis la chute de Saïgon, me laissa pantois et me rappela aussi les moments difficiles.

    Direction Lagi située à 180 au nord de Saïgon, le village où j’ai vécu. Ma grande sœur se tenait là, attendant avec impatience notre arrivée, mais ne me reconnut point. Moi-même je dus faire des efforts pour mes innombrables cousins et neveux. Je m’étais préparé depuis fort longtemps à ces retrouvailles si poignantes, à cette joie jubilatoire, ainsi aucune larme ne coula sur mes joues. Le voisin, un ancien ami, s ‘est approprié toutes nos terres…Le temps, la guerre, les paysans, la méthode ancestrale de pêcher,les paysages à couper le souffle, mes amis, la maison familiale rien n’avait changé et tout avait changé. Le vent de l’histoire a dévasté nos cœurs et laissé comme une trace de nostalgie imperceptible, pas de haine seulement de l’émotion à fleur de peau.

    Nous sommes restés 10 jours dans ce village de pêcheurs, une population déplacée, originaire du centre et installée ici depuis de nombreuses générations. Papa aimait y pêcher avec ses fils malgré une mer démontée et des vagues de 12m. Rien ne lui faisait peur, moi si. Cela me fait rire aujourd’hui, mais j’ai bien failli me noyer un peu trop souvent durant ces années de bonheur .

    Et nouveau départ vers Quang Ngai, lieu de ma naiossance, plage paradisiaque, authentique, et située à 150 kms de Hué. C’était, à l’époque une base aérienne des forces américaines. Et des histoires de guerre poignantes et effrayantes consument encore aujourd’hui mon esprit. Il avait été établi un couvre-feu après le départ des américains et une famille entière de sourds, n’ayant pas eu connaissance de l’interdiction par les autorités du fait même de leur infirmité, furent mitraillés et déchiquetés dans un carnage sans nom. Ils partaient pour une simple sortie en mer,où ils ne pêchèrent que la mort.

    Une promenade, un recueillement sur la tombe de mes grand- parents, une cérémonie d’offrandes, un petit tour en bateau rond typique, une dégustation de fruit Jacquier ou de raviolis à la vapeur, furent les activités principales de ces 10 jours.

    J’y ai retrouvé mon tonton Chu Nam dont je suis très proche et qui me le rend bien d’ailleurs. Bizarre, bizarre, je me suis toujours dit qu’il ressemblait étrangement au président J.F Kennedy.

    Parfois j’ai l’envie de me retrouver seul car je suis trop entouré, trop sollicité. Quand je vais au resto tout le monde veut m’accompagner et je règle l’addition. Pas que cela me coûte, mais bientôt cette situation est dérangeante et j’explique à ma famille qu’ en France je ne suis point un nabab. Mais le message passe souvent mal et la gêne s’installe. Tout le monde, ici, a cette impression que je suis un homme riche, parvenu à un niveau social extrêmement élevé et n’ayant surement aucun problème d’argent. Comment peuvent-ils imaginer, que je ne suis qu’un simple travailleur, endetté et payant des impôts ? Ce « statut » ambigu s’est révélé être le problème constant de tous les « viets- k » (les viets de l’étranger).

    Nous sommes heureux de partir « seuls » en mini- bus vers le centre, à la découverte de Hué. Nous y rencontrons un fort sympathique cyclo- pousse qui nous fait découvrir avec bonhomie, tous les trésors de la ville impériale ? Quatre jours de légèreté, de totale liberté dans un charmant petit hôtel climatisé et peu onéreux (7 dollars/ nuit ).

    Un mois, c’est vraiment trop court car nous n’avons visité que la moitié du pays, l’occasion de revenir bientôt pour d’autres aventures. Le départ est proche, nos valises pleines de cadeaux et nos yeux remplis d’images fabuleuses, nous rentrons avec le sentiment que très prochainement nous reviendrons.

    Je m’appelle Manh, et je ne veux plus repartir, je rêve de rester vivre ici, au Vietnam, dans ce pays où qui m’attend déjà.

    Vietnam je t’aime, Vietnam j’ai besoin de toi, V tu m’a manqué, Vietnam, Vietnam!!!

    Contact MANH Carnets de voyage en asie

  • Colloque « Les Vietnamiens de France »

    Colloque « Les Vietnamiens de France »

    Colloque « Les Vietnamiens de France « : Identité, Intégration et Education’ (MCFV-CRAFV-AVSE) samedi 10 décembre 2016 de 9h à 18h, Institut Cochin, Paris 14e

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    INVITATION

    Paris le 01/11/2016,

    L’association MCFV (Mouvement des Citoyens Français d’origine Vietnamienne) en coopération avec le CRAFV (Conseil Représentatif des Associations Franco-Vietnamiennes de France) et l’AVSE(Association of Vietnamese Scientists and Experts) vous invitent à participer nombreux au colloque

    «Les Vietnamiens de France : Identité, Intégration et Education »

    le samedi 10 décembre 2016 de 9h à 18h à l’Institut COCHIN, amphithéâtre ABOULKER

    Pavillon Gustave Roussy, Paris 75014. 

    Plan d’accès:

    https://drive.google.com/file/d/0B6dDbIkBjilrSkRCQnhxOUM2ZWM/view?usp=sharing

    L’entrée est gratuite, le nombre de places limité ; nous vous proposons de vous inscrire au plus tôt en activant le lien suivant:

    https://goo.gl/forms/qCQ8rb7ihrTnB1gM2

    Merci d’avance pour votre présence.

    Bien cordialement,

    Le Comité d’organisation,

    Pour tout renseignement, contactez : info.mcfv@gmail.com

    COLLOQUE

     «Les Vietnamiens de France : Identité, Intégration et Education  »

    Samedi 10 décembre 2016 de 9h à 18h

    Amphithéâtre ABOULKER– Pavillon Gustave Roussy – Porte B

    Institut Cochin

    Entrée : 27 Rue du Faubourg-Saint-Jacques

    Métro lignes 4 ou 6 : Denfert-Rochereau ou Saint-Jacques

    RER B : Port-Royal ou Denfert-Rochereau

    Objectifs : Analyse sociologique de la communauté vietnamienne de France et analyse comparée des modèles éducatifs Asie – Europe.

    Avant-propos :

    Les Vietnamiens (citoyens d’origine vietnamienne) de France, estimés à plus de 300.000 individus, sont dans leur ensemble bien intégrés. Ils sont attachés à leur origine et cultivent une identité propre au travers d’associations diverses. Ces clichés ne cachent-ils pas une réalité plus complexe ? C’est ce dont nous proposons de débattre en première partie avec des invités et le public après l’exposé du Professeur LE Huu Khoa, connu pour ses travaux sur l’immigration vietnamienne et asiatique en France.

    En deuxième partie, nous souhaitons mieux comprendre le système d’éducation de certains pays en Asie qui affiche des performances impressionnantes, contribuant à la réussite de l’économie de ces pays. Quelle serait la contrepartie de cette réussite ? En quoi se différencie-t-il du système français ou européen existant ? Les conférenciers spécialistes du sujet, M. Roger-François GAUTHIER et Mme Marie-José SANSELME, nous apporteront leur analyse critique sur le sujet.

    Les conférenciers échangeront avec les invités et l’auditoire autour de tables rondes

    Conférenciers :

     LE Huu KhoaLE Huu Khoa: Professeur d’anthropologie et de sociologie et directeur du Master Asie Pacifique de l’Université Charles-de-Gaulle – Lille 3. Il est également président-fondateur du GRISEA (Groupe de recherche sur l’immigration du sud-est asiatique) et expert à l’Unesco.

    rf_gauthierRoger-François GAUTHIER: Inspecteur général du Ministère français de l’Education nationale, professeur associé des universités à l’Université Paris-Descartes, expert international spécialisé dans la politique éducative et l’éducation comparée.

    video_sanselme_4Marie-José SANSELME: Rédactrice en chef adjointe – Revue internationale d’éducation de Sèvres.

    Invités : liste en cours de constitution

    Comité d’organisation:

     VU Ngoc Can , NGUYEN Thuy Phuong, DINH Hung,

    VU Quang Kinh, DINH Xuan Anh Tuan, LE Van Cuong

     Programme du colloque :

     La matinée : Thème « Les Vietnamiens de France :Vietnamiens et intégration »

    –        9h : Accueil des invités

    –        9h15-9h30: ouverture du colloque (VU Ngoc Cân, président du MCFV)

    –        9h30 – 10h30: Conférence de LE Huu Khoa

    –        10h30-11h : Pause

    –        11h– 12h30: Table ronde 1 tenue par LE Huu Khoa avec  des  invités et le public. Modérateur: Pr DINH Xuan Anh Tuan

    L’après-midi : Thème : « L’éducation Asie-Europe: analyse comparée »

    –        14h15 – 15h30: Conférences par Roger-François GAUTHIER puis par Marie-José SANSELME

    –        15h30-16h : Pause

    –        16h-17h30 : Table ronde 2 avec Roger-François GAUTHIER, Marie-José SANSELME,                Stefano BOSI, NGUYEN Thuy Phuong et le public. Modérateur: Pr LE Van Cuong

    –        17h30-17h45 : clôture du colloque (Gérard NGO, président du CRAFV)

     Informations pratiques :

    1)     Plan d’accès à l’amphithéâtre ABOULKER-  Pavillon Gustave Roussy– Institut Cochin

    https://drive.google.com/file/d/0B6dDbIkBjilrSkRCQnhxOUM2ZWM/view?usp=sharing

    2)     Où déjeuner à midi ?

    https://top10restos.fr/Paris/H%C3%B4pital_Cochin/?filter=&distance=500&filter2=lunc

     Invitation avec le programme téléchargeable en cliquant sur ce lien : invitation-colloque-mcfv-crafv-avse-10_12_2016_site-internet

  • Artistes asiatiques, artistes aux yeux bridés.

    Artistes asiatiques, artistes aux yeux bridés.

    Artistes asiatiques, artistes aux yeux bridés.

    Artistes asiatiques, artistes aux yeux bridés.

    Enfin ils débarquent d’une longue période de silence. Ils arrivent tels des conquérants sur des destriers de couleurs, de formes et d’espace.

    Jamais ces nouveaux aventuriers de la toile, ces façonneurs de sculptures n’ont été si présents dans la galaxie des créateurs. Les artistes asiatiques nous assènent des œuvres nouvelles, innovantes et parfois même dérangeantes. Longtemps cachés dans un méandre de complexes ou d’interdits, ils galopent aujourd’hui tels des chevaux sauvages et indomptés.

    Asietralala se veut le site des créateurs d’extrême- orient telle une boîte de Pandore irrémédiablement positive et vivifiante. Alors peintres, sculpteurs, couturiers, musiciens, artistes aux yeux bridés, déclenchez vos talents avec Open Mag. Nous savons que vous vous cachez, sortez enfin de votre si longue retraite

    Une artiste Franco- chinoise vous présente une oeuvre original

    Photo à la une de Grégoire de Gaulle